Que du bonheur !

Plus de deux mois que l’AS Monaco ne s’était plus fait respecter au Louis-II. Plus de deux mois qu’elle n’arrivait pas à battre ses adversaires à domicile, à leur imposer son jeu avec la même autorité que celle qui lui permet de l’emporter à l’extérieur. Nul contre Nîmes, contre Laval, contre Guingamp. Succès au Mans, à Istres, à Avignon. Curieux paradoxe dont les supporters monégasques espéraient qu’il prenne fin vendredi soir, face aux Havrais, qui avaient été les premiers à faire trébucher leurs favoris fin août.

Le flair du Mister

Nantes, Caen et Guingamp ayant gagné en début de week-end, l’AS Monaco était prévenue : il lui fallait impérativement l’emporter lundi soir, en clôture de la 23^ème journée, pour éviter de se laisser distancer par les Canaris, dont les ailes sont robustes cette saison, et prouver à ses concurrents directs qu’elle était capable de riposter du tac au tac quand on la titillait.

Appréciant à leur juste valeur les bonnes performances de leurs favoris loin de leurs bases, les 136 supporters monégasques présents au Parc des Sports d’Avignon n’étaient pas trop inquiets au coup d’envoi. Ils ont vite déchanté au spectacle d’Arlésiens conquérants qui, durant la première demi-heure de jeu, ont bousculé nos Monégasques, souvent déstabilisés, comme à leur habitude, par les coups de pied arrêtés adverses. A deux ou trois reprises, il s’en est fallu de peu que les Asémistes ne concèdent l’ouverture du score aux locaux, qui ont fait briller Danijel Subasic, particulièrement inspiré tout au long de la soirée.

Les Rouge et Blanc avaient laissé passer l’orage sans s’affoler. Au bout d’une demi-heure, ils reprirent leurs esprits. La défense se réorganisait autour d’Adriano, dont l’expérience est on ne peut plus précieuse, et d’Andrea Raggi, auteur de gestes défensifs de grande classe, le milieu imposait sa loi grâce à Mounir Obbadi, omniprésent et omnipotent, l’attaque commençait à placer quelques banderilles prometteuses. Mais c’est en seconde période que l’AS Monaco a scellé le sort du match en toute logique et c’est à une double inspiration de Claudio Ranieri qu’elle a dû sa victoire.

Comme Ibrahima Touré, capitaine d’un soir, avait été totalement transparent, l’entraîneur italien l’a remplacé, à vingt-cinq minutes du terme, par Emmanuel Rivière, la dernière recrue du mercato hivernal, qui s’est aussitôt mis en valeur en transformant en but son premier ballon. Un quart d’heure plus tard, le Mister procédait à une nouvelle substitution : Lucas Ocampos prenait la place de Tristan Dingome, qui s’était démené comme un beau diable, et doublait la mise sur une ouverture intelligente du même Rivière. 2-0, la messe était dite grâce aux deux jokers de luxe apparus dans le jeu aux moments idoines.

Monaco s’est donc imposé à l’extérieur, sans éclat, mais avec un redoutable réalisme et un sérieux qui l’honore. Reste maintenant à confirmer à domicile, vendredi soir, face au Havre. On sait que l’ASM a du mal à faire le jeu chez elle où l’on espère toujours une victoire fondatrice. Mais, après tout, ne faisons pas la fine bouche : quel que soit l’endroit où ils sont glanés, les quatre points d’un nul suivi d’un succès constituent le viatique idéal d’un futur champion.

Daghe Munegu