Courrier d'un supporter parisien de l'AS Monaco
"Je suis supporter de l'AS Monaco depuis plus de 20 ans et je n'ai pas encore atteint la trentaine. Je ne suis pas Monégasque, je ne suis même pas du sud-est, je viens de Paris. Et pourtant, mon club de cœur, c'est bien Monaco. La raison ? Pas évidente. Ce que je sais, c'est que je ne pourrai plus jamais changer, je suis lié à son histoire, son palmarès, ses résultats.
Ça a commencé au tout début des années 90, lorsque je me suis procuré mon premier magazine de foot : Franck Sauzée faisait la couverture du guide de la saison et arborait le maillot rouge et blanc. Il ne m'en fallut pas beaucoup plus pour choisir mon camp. S'il n'est resté qu'une année, la présence de mon joueur préféré a suffi à me marquer à vie. A l'époque, il y avait également Luc Sonor que j'appréciais beaucoup sans que je sache trop pourquoi (quand on a 8 ans, on ne s'explique pas tout).
La première année où j'ai donc vraiment commencé à m'intéresser au foot, Monaco a gagné la coupe de France (1-0, but de Diaz dans les derniers instants), ça m'a rendu fou de joie. L'année suivante, les Monégasques sont arrivés en finale de coupe d'Europe après un parcours fameux (je me souviens qu'ils avaient éliminé la Roma notamment). Même si Sauzée était reparti mitrailler les surfaces adverses du côté de la Canebière, je suis resté fidèle à Monaco.
Les années ont été jalonnées de grandes victoires, de lutte pour le titre (longtemps face au grand OM du début 90), de titres (97, 2000), d'exploits européens (2004).
J'ai eu la chance en tant que supporter de ne jamais craindre la relégation. Cette année, contre toute attente, l'équipe semble fébrile et pas tout le temps consciente de sa situation. Il n'y a pourtant pas de fatalité, le chemin est encore long, il y a donc de l'espoir. Il y a aussi des gens comme moi, qui ne se sentent pas bien le soir des résultats, qui aimeraient une révolte des joueurs sur le terrain.
Monaco EST un grand club, il ne faut pas l'oublier. Il s'est passé trop d'évènements glorieux pour que l'on puisse se résoudre à la fatalité. Le passé devrait être une force, le maillot une ambition, la pression doit permettre de se surpasser. Il faut détester la défaite, on ne peut pas s'y résoudre.
Ce club est important pour tant de gens, vous, joueurs, vous y passez pour que l'on se souvienne de vous. Vous pouvez marquer l'histoire, cela dépend de vous. La peur de perdre ne devrait pas exister, car si vous donnez tout, on ne vous reprochera rien. Il est temps de porter fièrement les couleurs et de penser à ceux qui ont fait la gloire du club. Vous ferez également la gloire du club, à mes yeux, si vous surmontez ces moments difficiles, si vous prouvez à tous que vous êtes fiers et que vous ne pouvez pas vous résoudre à la défaite et encore moins à la descente.
Tous ces joueurs qui, au fil des années, ont porté le maillot monégasque doivent se rappeler à votre bon souvenir.
Monaco n'est pas qu'un tremplin pour les carriéristes, je le répète, c'est un grand club.
Il y a eu de nombreuses réussites à Monaco : les retours d'Enzo Scifo, de Fernando Morientes, des révélations (Petit, Thuram, Henry, pour ne citer qu'eux sont issus du centre de formation), quelques échecs (Vieri, Di Viao, Chevanton, pourtant de bons joueurs). Ceux qui ont réussi ne se sont jamais servi totalement de Monaco uniquement comme tremplin, ont fait vivre ce club et l'ont amené vers les sommets : Giuly, Barthez, Gallardo, Rothen, Prso, Sagnol, Trezeguet, Evra, Djorkaeff, pour n'en citer que certains.
L'amour du maillot, ça aide à remporter des trophées, je crois. Eviter la relégation en serait un en soi…
Si le stade n'est pas toujours rempli, ça ne veut pas dire que personne ne s'intéresse au club, au contraire. Il ne s'agit pas de se sentir Monégasque pour supporter cette équipe, je n'ai été qu'une fois à Monaco et au stade mais je suis pourtant lié à vie avec son histoire, ses matchs, son avenir… Ça ne s'explique pas car il s'agit de passion.
Aujourd'hui, alors que l'équipe traverse une crise grave, je ne peux pas me résoudre à la voir évoluer au niveau inférieur. Il faut se battre pour ce club, pour ce qu'il représente, pour ses supporters, mais aussi car il fait partie intégrante de l'histoire de France du foot (n'en déplaise aux grincheux). Je continuerai inlassablement à la suivre, même au plus bas, et je me dirai que le haut niveau, ça se mérite. Mais il ne faut pas regretter, ne pas abandonner.
Les supporters représentent peut-être l'histoire du club, les joueurs sont les porte-drapeaux. Il faut hisser haut les couleurs et montrer qu'on est fier.
Vive l'AS Monaco !"
A.O.